« Borloo a disparu de l’écran radar ! » murmure-t-on à l’Elysée. Numéro 2 du gouvernement, seul à avoir le rang de ministre d’Etat, le Monsieur Ecologie de l’équipe Fillon se fait très discret. « Quand Sarkozy était numéro 2 du gouvernement, on l’entendait tous les matins ! » compare un de ses détracteurs. A l’UMP, dont il est le vice-président, on accuse le patron du parti radical valoisien de jouer les hommes invisibles. « Je fais ma quote-part » répond Borloo, qui se tient à l’écart des petites phrases.
« Il bosse ! » répliquent ses proches. « Surentrainé », comme il dit, après les Grenelle de l’environnement français et européen et « trois tours du monde », Borloo confie qu’il est à fond dans la préparation du sommet sur le climat prévu au Danemark en décembre pour donner une suite au protocole de Kyoto.
« La troisième manche, la plus passionnante ! » Après avoir réuni des ministres européens à Paris il y a peu, pour caler une position commune, il évoquera le sujet en Sicile, cette semaine, au G 8 environnement, puis ira négocier aux Etats-Unis fin avril, et au Kenya fin mai. « Si cette négociation échoue, vos enfants ne verront pas la fin de l’histoire ! » menace-t-il. Il a aussi dans ses cartons des projets sur la croissance verte.
Bref, il le jure : « Je suis un ministre assez heureux ».
Et pourtant, dans les coulisses du pouvoir, on dit qu’il est « déprimé », qu’il rêve d’un nouveau défi. Lui-même a cette drôle de formule : « J’ai l’impression d’avoir 250 ans ». Sa popularité s’érode : dans le dernier baromètre Ifop pour « Paris Match », il n’est plus que le 4e ministre le plus populaire. « Il est dans un placard doré. On se demande s’il y a eu un Grenelle ! Le plan de relance passe par l’autoroute, le président vend du nucléaire partout.
Il incarne quoi aujourd’hui ? Une coquille vide ! » regrette le Vert Noël Mamère, qui avait fondé Génération écologie avec lui et Brice Lalonde en 1991. Pour les amis de son ex-secrétaire d’Etat, Nathalie Kosciusko-Morizet, avec qui Borloo ne s’entendait guère, la « dynamique » n’est plus là…
Quand on lui demande s’il a des fourmis dans les jambes, l’électron libre du gouvernement, 58 ans, assure que non, mollement Après la colère de Nicolas Sarkozy contre ses ministres ambitieux, il ne fait pas bon afficher ses desiderata… « Ce n’est pas moi qui’décide », élude-t-il. Avant d’ajouter : « Si le président a un énorme défi, je pense qu’il est pour moi. » Un rendez-vous avec Sarkozy a été pris.
II y a peu, Borloo a calculé qu’il avait occupé « deux tiers » des postes gouvernementaux en sept ans, sous les gouvernements Raffarin, Villepin et Fillon. « Il a un petit côté inoxydable, pépère ! » rigole-t-il en parlant de lui-même.
A l’aube du remaniement, son nom a été cité pour la Justice, l’Education ou même un ministère… de l’Intelligence. Mais, à l’Elysée, on laisse entendre qu’il ne bougera pas tout de suite. Et Premier ministre ? S’il fait partie du club fermé des candidats éventuels, peu y croient « Immaîtrisable », juge l’un. Sarkozy lui-même aurait eu cette phrase avant la présidentielle : « Je ne vais pas nommer Gainsbourg à Matignon ! » Borloo se console en soulignant que « la sortie de crise passe par le développement durable » et que son ministère, de l’Enere à l’Environnement, pèse « 39 %» du PIB. Un petit Matignon, en somme…
Nathalie SCHUCK
Le Parisien