Nicolas Sarkozy dévoilera demain ses projets pour le Grand Paris. Notre sondage exclusif montre une forte attente pour améliorer la vie au quotidien en Ile-de-France.
Nicolas SARKOZY en a fait une de ses grandes priorités : faire de la région parisienne une métropole mondiale capable de rivaliser avec les mastodontes américains ou asiatiques, Silicon Valley ou Shanghai. Il veut dessiner avec les architectes les plus en vue une ville du futur, référence en termes d’écologie, d’urbanisme et de culture, afin d’améliorer les conditions de vie des quelque 11 millions d’habitants entassés dans les transports en communs, bloqués dans les embouteillages.
Créer un « super-métro » de 140 km autour de Paris.
Demain, le chef de l’État doit donc dévoiler un plan ficelé par son secrétaire d’État Christian Blanc destiné à décongestionner les transports et à relancer le développement de grands pôles économiques. L’idée maîtresse est de créer un « super-métro » de 140 km autour de Paris reliant des pôles économiques et permettant de soulager des lignes de métro ou de RER conçues dans les années 1970.
Mais le président de la République a dû avancer en terrain miné, dans une région tenue par la gauche depuis plus de dix ans. Le président PS du conseil régional, Jean-Paul Huchon, a vu dans un premier temps une « ingérence de l’État » avant les élections régjonales de 2010. Christian Blanc a été accusé d’élaborer son plan sans consulter les élus locaux
Jeudi demier, Nicolas Sarkozy a tenu à rassurer les hommes forts de la région parisienne, Jean-Paul Huchon et le maire de Paris Bertrand Delanoé, les assurant que rien ne se ferait sans eux Un signe d’apaisement nécessaire pour un Etat qui ne peut pas financer seul les 21 milliards d’euros que pourrait coûter le projet Jean-Paul Hucbon affirme désormais qu’il est « prêt à un partenariat avec l’Etat ». Tous seront bien obligés de s’entendre notre sondage montre que les Français, et notamment les habitants de Ille-de-France, attendent des actes. A commencer par les transports, dossier qui sera au coeur de la bataille des élections régionales.
Sébastien RAMNOUX
CHIFFRES CLES
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11,4 millions d’habitants en Île-de-France, soit 1 Français sur 5.
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29 % du produit intérieur brut de la France réalisés en région parisienne.
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10 % des Franciliens au-dessous du seuil de pauvreté.
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22 % des emplois publics et des emplois privés du pays.
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5,35 millions d’emplois, à 83 % dans le tertiaire (3,94 millions dans le secteur privé).
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447 200 chômeurs (mars 2009), soit un taux de chômage de 6,5 %.
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38 % des sièges sociaux implantés en France.
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360 000 étudiants répartis dans 16 universités et 200 sites.
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854 km de voies rapides, 1 411 km de lignes de chemin de fer, 211 km de métro.
Source : Sdrif

DEUX SCENARIOS POUR UNE ROCADE
LA QUESTION des transports est l’enjeu numéro un du Grand Paris. Ce sont les Franciliens qui le disent, à 81 % dans notre sondage, ballottés qu’ils sont dans des transports en commun au bord de la saturation. Face à une question aussi électoralement sensible, deux visions s’affrontent.
D’un côté, le gouvernement et son secrétaire d’État chargé du Développement de la région capitale, Christian Blanc, s’apprêtent à dévoiler un projet de métro souterrain, déjà surnommé le «grand huit », dont l’objectif, se voulant visionnaire, est de relier les futurs pôles économiques de la région avec les aéroports et les TGV.
De l’autre, le président de la région, le socialiste Jean-Paul Huchon, soutenu par plusieurs collectivités locales, défend son projet d’Arc Express, un réseau de métro ceinturant la capitale.
Les deux projets ne sont pas «incompatibles », assure désonnais Jean-Paul Huchon en rappelant qu’il est « aussi indispensable de traiter les urgences, comme le désengorgement de la ligne 13 ou du RER A ». Outre ces grands projets, les usagers surveilleront les crédits alloués aux lignes existantes comme les RER B, C ou D et l’amélioration d’infrastructures (voies, caténaires…) aujourd’hui à bout de souffle.
LE PROJET HUCHON
Une rocade de métro automatique de 60 km à proximité de Paris, baptisée Arc Express (60 stations, dont 30 nouvelles).
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Objectif : favoriser les déplacements banlieue-banlieue en soulageant certaines lignes de transports en conunun aujourd’hui saturées.
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Fréquentation : un million de voyageurs.
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Coût estimé : entre 6 et 10 milliards d’euros.
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Réalisation : début des travaux dès 2013 pour une mise en service en 2020. L’arc sud-est et l’arc nord-ouest sont prioritaires.
LE PROJET BLANC
Un métro automatique souterrain de 140 km reliant les principaux pôles économiques de l’lle-de-France.
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Objectif : mettre La Défense et le centre de Paris à 25 minutes de l’aéroport de Roissy et Saclay à 10 minutes d’Orly.
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Fréquentation : 40 000 personnes à l’heure de pointe.
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Vitesse : entre 60 et 80 km/h.
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Coût estimé : entre 15 et 20 millions d’euros. Le projet pourrait être financé par des capitaux privés et exploité, comme une autoroute, sur le principe de la concession.
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Réalisation : d’ici à 2025.
Des améliorations indispensables dans les transports en commun.
Les grands projets à long terme de rocade ferrée autour de Paris (lire ci-dessus) cachent une multitude de projets plus localisés qui résoudrait la saturation et la difficulté de se déplacer d’une banlieue à l’autre.
Désaturer la ligne 13 du métro
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Le problème : avec 550 000 voyageurs par jour, la ligne 13 (Châtillon-Montrouge – Asnières-Genevilliers et Saint-Denis-Université) est la plus saturée. Le logiciel Ouragan permettra en 2011 le passage d’une rame toutes les 90 secondes, mais, pour des raisons de sécurité, il sera impossible d’aller plus loin,
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La solution : le Syndicat des transports en Île-de-France (Stil) a adopté le mois dernier le principe du prolongement de la ligne 14 entre Saint-Lazare et la mairie de Saint-Ouen, via deux stations (Porte-de-Clichy et Clichy-Saint-Ouen) en correspondance avec le RER C.
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Le bénéfice : selon les prévisions, la fréquentation de la 13 serait réduite d’un quart.
Prolonger le RER E à l’ouest
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Le problème : l’acheminement des habitants de l’est de la région parisienne vers les grands pôles d’emploi de l’ouest (La Défense, Cergy) est actuellement assuré par le RER A, la ligne la plus chargée d’Europe.
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La solution : Eole, qui relie depuis 1999 l’est de l’IDF à Pans-Saint-Lazare, pourrait être prolongé à l’ouest jusqu’au quartier d’affaires de La Défense, puis raccordé aux lignes en provenance de Mantes-la-Jolie, via Poissy.
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Le bénéfice : le RER E prolongé desservirait trois quartiers en devenir (Batignolles à Paris, La Défense-Seine-Arche, Mantes-Seine-Aval).
Sartrouville-Noisy-le-Sec par le train.
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Le problème : la faiblesse des liaisons banlieue-banlieue oblige de nombreux Franciliens à privilégier leur voiture.
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La solution : le projet de tangentielle nord Sartmuville-Noisy-le-Sec (via Argenteuil, Épinay, Villetaneuse-Université…) prévoit de créer deux nouvelles voies le long de l’actuelle ligne de grande ceinture (14 gares).
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Le bénéfice : en trente-cinq minutes et, à raison d’un train toutes les cinq minutes à l’heure de pointe, la ligne sera en correspondance avec les RÉR A, B, C, D et E, ainsi qu’avec les trains de banlieue du réseau Saint-1 azure et Paris-Nord.
A l’ouest, une liaison entre RER A ET C
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Le problème : rejoindre rapidement La Défense depuis la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines ou encore Poissy, siège de Peugeot, est aujourd’hui un casse-tête.
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La solution : la tangentielle ouest, en cours de discussion, permettrait de relier les lignes C et A du RÉR entre Saint-Cyr et Achères en prolongeant à chaque extrémité la liaison ferrée de grande ceinture Saint-Gennain-Noisy-le-Roi.
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Le bénéfice : trente minutes suffiraient pour passer d’un RER à l’autre (25 km) et la ligne serait reliée, à partir de Saint-Gennain, à la gare Saint-Lazare.
Source : Le Parisien