On aura tout entendu à propos de Jean-Louis Borloo, ces dernières semaines. L’ex-avocat se rêvait en nouveau garde des Sceaux.
Bel agitateur d’idées, mais peu féru d’intendance, il s’ennuyait, disait-on, dans son vaste ministère de l’Écologie et du Développement durable. Les lois issues du Grenelle tardaient trop à entrer en vigueur. Les combats technocratiques l’ennuyaient. Et il craignait un échec aux négociations cruciales sur le climat, en décembre prochain, à Copenhague. On l’a donc dit partant, Claude Allègre lorgnant le poste. Balivernes !
Allègre est renvoyé à ses études et Jean-Louis Borloo sort plus solide que jamais du remaniement concocté à l’Élysée. Il reste ministre d’État, numéro deux du gouvernement. La croissance verte, axe principal de la sortie de crise invoqué à tour de bras, sera incarnée par Borloo ou ne sera pas. L’homme n’est pas peu fier d’affirmer que 50 % du PIB de la maison France dépend de son ministère. Il coiffe l’énergie, les transports, les infrastructures, l’aviation, la route, la mer…
Calfeutrer maisons et immeubles
Il étend par ailleurs son domaine d’action. Christine Boutin lui disputait la politique de l’urbanisme et du logement. Elle n’est plus ministre. Des permis de construire à la rénovation urbaine, toute la politique du logement est désormais à sa main, flanqué d’un jeune secrétaire d’État aux dents longues, Benoist Apparu.
L’objectif est de calfeutrer maisons et immeubles, à l’aide des prêts écologiques à taux zéro. Le logement représente en effet 40 % de la consommation énergétique du pays et 25 % des émissions de gaz à effet de serre.
Il devient également ministre de la Mer. Une résurrection. Le poste a disparu des écrans radar gouvernementaux depuis une vingtaine d’années. En lançant en début d’année le « Grenelle de la mer », il a replacé les projecteurs sur le second domaine maritime mondial (grâce à l’Outre-mer). Il va répétant que « la mer sauvera la terre ». Ce n’est qu’une formule, mais il y croit.
Seul bémol à sa boulimie : il perd l’Aménagement du territoire au profit d’un entrant, Michel Mercier, le centriste, ex-trésorier du MoDem de François Bayrou, dont l’une des missions sera d’aider l’UMP à reconquérir des régions l’an prochain. Borloo affirme, quant à lui, ne penser qu’à l’essentiel : l’avenir de la planète et les négociations sur le climat.
Bernard LE SOLLEU.