Le réseau de chauffage de Chelles, en Seine-et Marne, illustre le renouveau de la géothermie.
Nous marchons sur une réserve inestimable et inépuisable d’énergie : la Terre. Plus on creuse, plus elle est chaude, ainsi que les eaux souterraines qu’elle abrite. Depuis l’Antiquité, ces eaux thermales ont été utilisées par les communautés qui habitaient là où elles jaillissaient naturellement des profondeurs. Puis les forages ont suivi, se développant notamment après les chocs pétroliers des années 1970. C’est le cas pour la ville de Chelles, qui s’appuie depuis désormais un quart de siècle sur cette source renouvelable d’énergie.
Un développement soutenu
Les bas prix du pétrole dans les années 1990 et le coût important des forages (environ 10 millions d’euros) ont signé un ralentissement de son développement. Mais la nouvelle donne environnementale et énergétique retourne les projecteurs vers les sous-sols. Le réseau de chaleur de Chelles, qui permet d’alimenter en chauffage et en eau chaude plus de 3 600 logements collectifs et près de 700 équivalents logements en bâtiments publics, a ainsi connu une progression de 22% en cinq ans. A l’horizon 2013, ce sont 7 500 équivalents logements qui devraient être raccordés au réseau.
La ville de Chelles a l’avantage d’être située au cœur du bassin sédimentaire parisien où se trouve la plus grande formation aquifère de France, le deuxième étant le bassin aquitain. A 1 800 mètres de profondeur se trouve une nappe d’ancienne eau de mer à 69 °C, le Dogger. Mais comment cette chaleur arrive-t-elle dans les radiateurs et les douches des Chellois ?
Des circuits indépendants
“L’eau remonte toute seule par un puits artésien, appelé le puits de production, de 1 800 mètres de profondeur”, explique Jérôme Champredonde, chargé d’affaires chez Coriance, le gestionnaire du réseau via sa filiale Chelles Chaleur. Dans un échangeur, la chaleur de l’eau géothermale est transmise à de l’eau de chauffage, qui parcourt ensuite 14 km à travers l’agglomération. Chaque immeuble desservi est équipé à son tour d’un échangeur où le circuit d’eau de l’immeuble puise la chaleur du réseau, chaque circuit étant indépendant.
Des économies d’énergie
Après son passage dans le premier échangeur, l’eau géothermale est réinjectée dans la nappe, ce qui en fait une ressource 100% renouvelable, inépuisable… et propre. C’est la première énergie renouvelable en Ile-de-France ! “Par rapport au gaz naturel, l’énergie fossile la moins émettrice de CO2, le réseau de Chelles permet de réduire les émissions de CO2 de 4200t/an, ce qui équivaut aux rejets de 2 000 voitures émettant 160g/km et parcourant 13 000 km/an, constate Jérôme Champredonde. En moyenne, le réseau de chaleur de Chelles permet d’économiser chaque année 3 000 tonnes d’équivalent pétrole!”
La chaleur de la Terre présente aussi l’avantage d’être disponible de façon constante, 24 heures sur 24 et 365 jours par an. Une ressource qui reste largement sous-exploitée aujourd’hui, mais qui a de l’avenir à Chelles.
Nadia LODDO
Le réseau de chaleur de Chelles a été créé en 1984. Photo : Ville de Chelles |
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