Passeport, SVP !

La biométrie arrive en Ile-de-France

Le passeport biométrique arrive progressivement en Ile-de-France. Les Franciliens peuvent désormais se rendre, sur rendezvous, dans la mairie de leur choix. A condition qu’elle soit équipée d’une station d’enregistrement des données biométriques contenues dans la puce électronique du passeport : empreintes digitales pour les plus de six ans et photo pour les mesures morphologiques du visage. Environ 200 communes sont retenues en Ile-de- France. A Paris, seule la préfecture de police est habilitée à effectuer l’opération.

Mardi 12mai, le feu vert a été donné à 25 villes de l’Essonne. En mairie d’Evry, Daniel Vo-Thanh, professeur de droit, applique ses doigts sur un scanner. C’est la première fois qu’il donne ses empreintes. Il avoue «une certaine émotion» mais aucun embarras. «On pourrait se dire, quid des libertés, mais c’est une avancée pour la sécurisation des voyageurs et pour protéger les citoyens d’une usurpation d’identité.» Chaque année en effet, plusieurs dizaines de milliers de documents officiels sont délivrés à la suite de vols d’identité ! En un quart d’heure, l’opération est terminée. Daniel a rempli son dossier et a été pris en photo suivant la réglementation européenne. Le tout est envoyé en préfecture sur serveur sécurisé, puis transmis à l’imprimerie nationale où le passeport est fabriqué. D’ici à huit jours, Daniel, prévenu par SMS, retournera en mairie récupérer son titre… seulement après avoir redonné ses empreintes pour une ultime vérification.

«C’est rapide et pratique, cela simplifie la vie», juge Daniel. Meryem Marzouki, présidente de l’association Iris (Imaginons un réseau Internet solidaire) est beaucoup plus sceptique. «On passe d’une identité déclarative à celle du corps. C’est une rupture du contrat social. L’Etat n’a plus confiance en ses citoyens.» L’Iris, la Ligue des droits de l’homme (LDH) et la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) s’inquiètent de la création d’un fichier central au ministère de l’Intérieur, nullement préconisé par l’Europe.

Toutes les données biométriques recueillies y seront stockées pendant quinze ans. Les personnels des préfectures chargés d’établir les passeports, les policiers, douaniers et gendarmes dans le cadre d’un contrôle d’identité, la police dans le cadre d’une réquisition judiciaire et les services en charge de la lutte antiterroriste pourront les consulter. «Toutes les bases de données sont indépendantes. On ne peut pas relier une empreinte à une identité», assure Michel Aubouin, secrétaire général de la préfecture de l’Essonne. «Permettez-moi d’en douter, estime Meryem Marzouki. Le risque est une utilisation du fichier à des fins de renseignement, sans qu’un délit ne soit commis. Sans parler des erreurs possibles.» C’est la première étape d’une révolution administrative. Fin 2010, la carte d’identité électronique contiendra les mêmes données biométriques et la carte Vitale suivra.

Anne Rouhou

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