BEURK BURKA

Un vent de polémique veut soulever le vêtement bleu qui en linceule certaines femmes musulmanes. Elles déambulent sur les trottoirs de Marianne depuis des années. Lentement et sûrement, l’éclosion de ces nuits bleues closes dans nos rues et commerces s’impose à nos regards et nos interrogations.

Le vêtement comme le dévêtement en dit long sur l’état des mœurs et nos réactions en disent long sur l’état de nos angoisses. Une simple proposition de résolution présentée par un député communiste peu représentatif a mis le feu aux fanfreluches fantomatiques et a déclenché des réactions en chaîne contre la burka !

On veut une commission d’enquête, Fadela Amara veut une loi pour « l’interdiction de ce cercueil ». Que faire ? D’abord ne pas foncer sur le chiffon bleu comme sur le chiffon rouge qu’agitent devant nos nerfs fragiles les fondamentalistes. Je suis fondamentalement moi aussi contre une loi qui interdirait le port d’un vêtement spécifique en raison du lien politique qu’il pourrait avoir avec l’islam intégriste. On n’est dupe de rien.

Ces femmes encagées pour voir sans être vues attestent du pouvoir d’endoctrinement des fondamentalistes, c’est évident. Elles attestent aussi d’une odieuse idée de la femme perçue comme objet de soumission au maître tout puissant, propriétaire exclusif du visage même de l’épouse qu’aucun regard ne doit effleurer.

C’est la mode afghane, le tablier dont les talibans recouvrent les filles d’Eve pour qu’elles n’échappent jamais à la soumission à la loi de l’ensevelissement vestimentaire. N’empêche, interdire cette provocation des ombres dans les rues ne ferait que renforcer la puissance de la provocation. Vous imaginez des policiers se coltinant une femme en burka pour l’arrêter ? Qu’est ce qu’ils vont faire ? La déshabiller ? La menotter ? Braquer la burka ?

Vous imaginez des juges sous leurs robes noires réprimer par l’amende ou la prison le port de la robe bleu ? Les fondamentalistes, qui sont plus coraniques que le coran, ce dernier n’ayant jamais rendu le port de ce scaphandre en eau morte obligatoire cherchent la provocation, l’affrontement, le martyr facile, le procès spectaculaire, la pub des prétoires, ils jouent sur les reflexes féministes, ô combien compréhensibles pour assurer leur coup. La femme serait obligée de porter cette tenue sur ordre du mari, des frères, des religieux.

C’est peut-être vrai pour certaines, ça ne l’est pas pour toutes, alors on va organiser une police du chiffon, perquisitionnant les tiroirs, les armoires, et questionnant les épouses pour savoir si elles portent de gaieté de cœur la tenue terrible… et le port du string ? Et les porte-jarretelles ? Va-t-on s’interroger pour savoir si la femme est libre ou si elle subit le diktat du macho moyen mateur ? Vous me direz, là on est dans la sphère de la vie privée.  Certes, mais on voit bien comment on glisse de la vie publique à la vie privée.

Les fondamentalistes nous obligent à retourner comme on dit dans le rugby, aux fondamentaux : les lois et les règles de la république, ni plus ni moins, ni putes ni soumises : dans la vie privée (la maison et la rue) fais ce qu’il te plaît, dans la vie publique (tout le reste) fais ce qu’il plaît à la république laïque, libre, égalitaire, fraternelle, sinon…va te rhabiller !

Comment en est on arrivé à cette contradiction du monde moderne, ou entre le jour et la nuit se faufilent des fossiles bien vivants, acharnés à paraître les propagandistes d’une réaction inouïe ?

Gilbert COLLARD

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