Interview de Jean-Louis Borloo à « Nice Matin »

Jean-Louis Borloo : « L’UMP doit comprendre que le centre est indispensable » (Nice Matin)

Patron du Parti radical, ancien ministre, ex-futur candidat à la présidentielle, Jean-Louis Borloo qui s’était finalement rallié à Nicolas Sarkozy, vient de reprendre le flambeau du centre droit en se faisant élire la présidence d’un groupe parlementaire d’une vingtaine de membres, baptisé « Union des démocrates et indépendants », qu’il présente comme le clone de la défunte UDF : un compétiteur mais un allié de l’UMP…

Présiderez un groupe godillot de l’UMP ?

Pas du tout ! Nous sommes un groupe libre et autonome qui fera ses propositions. Traditionnellement, le centre est plutôt l’allié de principe de la droite républicaine, donc de l’UMP. Comme l’UDF qui, à l’époque, était à la fois le compétiteur et l’allié naturel du RPR. Le groupe de centre droit (UDI) que nous avons formé se retrouve dans la même configuration.

Quelle différence avec le MoDem ?

Le MoDem était dans un interstice sans avoir un principe d’alliance. Manifestement, cette stratégie a échoué. Aujourd’hui, il faut reprendre le flambeau et reconstruire le centre droit. C’est ce que je fais.

Christian Jacob président du groupe UMP. C’est ce que vous souhaitiez ?

Je n’ai pas d’avis. A titre personnel, Christian Jacob est quelqu’un que j’aime bien mais, pour le reste, l’UMP a plutôt à définir sa nouvelle stratégie humaine.

Regrettez-vous de ne pas avoir été candidat à la présidentielle ?

Non, le centre droit, tel qu’il était à l’automne 2011, risquait de mourir sur une candidature à la présidentielle. J’ai toujours dit que le centre droit se reconstruirait au lendemain des législatives. Certains ne m’ont pas compris à l’époque mais c’est bien ce qui se passe aujourd’hui, avec ce groupe qui rassemble radicaux, indépendants, démocrates chrétiens, bref les centristes. C’est la première étape de reconstruction du centre français. On en a besoin et l’UMP doit comprendre que le centre est indispensable, y compris à lui-même.

Qu’avez-vous pensé de Bayrou annonçant voter Hollande au second tour ? 

Honnêtement, ça ne m’a pas surpris. Dès l’instant où il n’y a pas de stratégie claire et que vous êtes dans l’émotion. La moitié du MoDem veut s’allier avec la droite, l’autre moitié avec la gauche. Au-delà de la phrase prononcée par François, le problème fondamental du MoDem est qu’il avait abandonné le fonctionnement d’un centre droit.

Est-ce que Bayrou a sa place dans votre famille centriste ?

Culturellement, le centre droit est sa famille. Il a succédé à Giscard, il a été le ministre de Balladur et de Chirac. Pour jouer la présidentielle, il a pensé qu’il fallait ne plus être dans cette alliance privilégiée. Maintenant, ça ne retire pas ma sympathie personnelle et mon estime.

Est-ce que Sarkozy reste le leader naturel de l’UMP ?

Très difficile à dire. Ça dépend de sa volonté personnelle, de son mental, de ce qu’il veut faire de sa vie, de sa passion de la politique. Mais il reste un personnage central.

Pensez-vous déjà à la présidentielle de 2017 ?

On n’en est pas là. Je pense que cette force centrale des modérés est indispensable à la vie politique française. Aujourd’hui, c’est à moi de reprendre le flambeau.

Voterez-vous certains textes proposés par le gouvernement socialiste ?

On est dans l’opposition, c’est clair, mais, sur un certain nombre de sujets ou d’actions majeures qu’engagerait la France, par exemple sur la politique européenne à l’égard de l’Espagne, en notre âme et conscience, ça ne me paraît pas exclu. La décision sera collective dans notre groupe.

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